Fédération européenne des journalistes

La FEJ demande à Mogherini de débattre du cas d’Ali Lmrabet avec le Maroc


La Fédération européenne des journalistes (FEJ) appelle aujourd’hui (21/07/2015) Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne et vice-présidente de la Commission européenne, à débattre du cas du journaliste marocain Ali Lmrabet lors de sa visite au Maroc ce 21 juillet. Lors de cette première visite, la Haute représentante de l’Union européenne doit participer à des réunions avec des représentants du gouvernement marocain, des membres du Parlement et de la société civile. Federica Mogherini a prévu de discuter du partenariat UE-Maroc et d’autres domaines de coopération mutuelle comme les échanges commerciales, la migration, la sécurité et le changement climatique.

“En tant que fédération représentative des journalistes européens, la FEJ demande à la Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Madame Federica Mogherini, de porter une attention particulière à la situation des défenseurs des droits de l’homme, de la liberté de presse et de la liberté d’expression au cours de ses pourparlers de négociation avec d’autres pays”, a déclaré Ricardo Gutierrez, le secrétaire général de la FEJ.

La Fédération européenne des journalistes a récemment reçu des informations alarmantes concernant le cas d’Ali Lmrabet, un journaliste, éditorialiste et militant des droits de l’homme bien connu en Europe. Depuis le 24 juin, Ali Lmrabet a entamé une grève de la faim à Genève suite au refus des autorités marocaines de lui délivrer ses documents d’identité parce que le journaliste avait annoncé son intention de reprendre l’édition de ses journaux à l’expiration de ses dix années d’interdiction d’exercer le métier. En 2005, il a été condamné à une interdiction de 10 ans de travailler comme journaliste pour avoir écrit un article publié par le quotidien espagnol El Mundo dans lequel il avait qualifié les Sahraouis vivant à Tindouf (Algérie) comme étant des “réfugiés” et non “otages” retenus contre leur volonté .

Selon Reporters sans frontières, “les autorités de la ville de Tétouan ont refusé de lui délivrer un certificat de résidence depuis le 20 avril dernier. Dans un communiqué publié le 5 mai, citant le ministre de l’Intérieur, l’administration locale Tétouan a déclaré qu’il avait été établi que Lmrabet ne vit pas à l’adresse indiquée à Tétouan, bien qu’il s’agit de la maison de son père”. Ali Lmrabet est convaincu que les autorités marocaines lui refusent un certificat de résidence afin de l’empêcher de publier ses journaux. “La bureaucratie ne peut pas être invoqué pour violer la liberté de presse et la liberté d’expression! Les journalistes doivent être libres de travailler et de publier, le Maroc doit immédiatement mettre un terme à la censure qu’elle fait subir à l’opinion publique marocaine !”, ajoute la FEJ.

Le 25 juillet à 14h30, une manifestation de solidarité avec Ali Lmrabet est organisée à Genève (Place des Nations) sous forme d’une grève de la faim symbolique. “Nous ne permettrons pas qu’Ali Lmrabet puisse mourir la suite de la grève de la faim qu’il a commencé le 24 juin 2015. Nous appelons à participer à cette manifestation pour démontrer notre solidarité avec Ali Lmrabet”, précise un communiqué de presse.

La FEJ attire également l’attention de Federica Mogherini sur le récent rapport Les yeux du pouvoir publié par Privacy International et l’Association marocaine des droits numériques (ADN) qui documente les méthodes de surveillance utilisées par les autorités marocaines contre les journalistes et les défenseurs du droit à l’information.

“Vous ne pouvez pas d’une part interdire et poursuivre les journalistes par rapport à leur travail et d’autre part utiliser vous-mêmes des méthodes de surveillance illégales pour identifier leurs sources et offrir une totale impunité pour les auteurs de violations des droits. Si le Maroc veut être considéré comme une démocratie et un partenaire par l’Europe, il doit immédiatement changer ses manières envers les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme”, a déclaré la FEJ.

Photo : Ali sans papiers