Fédération européenne des journalistes

La Marche pour la liberté exige une réponse politique à la hauteur


Nous étions plus d’un million, ce dimanche, à Paris.

Plus d’un million de citoyens de toutes origines et convictions pour défendre la liberté, à la suite des attentats terroristes qui ont fait 17 morts en France et qui ont décimé la rédaction de l’hebdomadaire satirique “Charlie Hebdo”, mercredi.

La Fédération internationale des journalistes (FIJ), la Fédération européenne des journalistes (FEJ), et leurs affiliés français, le SNJ, le SNJ-CGT et la CFDT-Journalistes étaient en tête de la marche, derrière une bannière unitaire, aux côtés des délégations du Royaume-Uni et d´Irlande (NUJ), d’Italie (FNSI), d’Espagne (FAPE et FeSP), de Belgique (AJP), des Pays-Bas (NVJ) et de Roumanie (FAIR-Mediasind).

Devant nous: les proches des 17 victimes, et les rescapés de “Charlie Hebdo”. Derrière: les délégations gouvernementales, dont quelques figures peu appréciées par la FEJ: le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, le ministre russe des Affaires étrangères Sergeï Lavrov, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou… Des adversaires notoires de la liberté de la presse, qui défilaient aux côtés du président Hollande, de la chancelière Merkel, du président de la Commission Jean-Claude Juncker…

Ces décideurs ne peuvent rester insensibles à l’appel citoyen de ce dimanche. Nous avons vu, comme eux, les yeux rougis. Nous avons deviné les gorges serrées. Nous avons entendu les canons de “Charlie” scandés par une foule bigarrée et digne. Cette unité citoyenne pour dire non à la peur, non à la haine, mérite une réponse politique à la hauteur.

Il reste beaucoup à faire pour défendre la liberté de la presse sur le continent européen. Les paroles apaisantes que l’ancien garde des sceaux français Robert Badinter a adressé aux délégués des journalistes ne suffisent pas. La FEJ attend des décideurs politiques européens qu’ils résistent à la tentation déjà annoncée d’un “Patriot Act” à l’européenne. Le passé récent démontre que la répression bête et méchante du terrorisme sert souvent de paravent à la mise au pas de la presse.

La seule réponse politique digne des marches citoyennes de ce dimanche passe par la consolidation de nos libertés, par le raffermissement de la démocratie. La FEJ y veillera, au nom des  300.000 journalistes qu’elle représente.

Ricardo Gutiérrez

Secrétaire général de la FEJ