Fédération européenne des journalistes

Pression croissante sur les journalistes en Turquie avant les élections


En Turquie, la Plateforme pour la liberté des journalistes (GÖP), qui inclut le syndicat des journalistes de Turquie (TGS, membre de la FEJ et de la FIJ), vient de lancer un appel aux autorités turques pour qu’elles mettent fin à la pression croissante qui frappe les médias et les journalistes en période électorale. Hier (31/05/2015), les forces de police à Istanbul ont à nouveau attaqué des journalistes qui étaient en train de couvrir une manifestation publique commémorant le deuxième anniversaire des manifestations du parc Gezi. Le journaliste Emre Sencan travaillant pour le quotidien turc Zaman a été blessé durant l’attaque. “Les autorités doivent ouvrir une enquête contre les policiers qui ont attaqué le journaliste. Faire du journalisme n’est pas un crime”, a déclaré TGS dans un communiqué.

Selon la Plateforme pour la liberté des journalistes (GÖP), l’adoption de la nouvelle loi sur la sécurité intérieure du pays et les mesures oppressantes qui ont découlent pour les télévisions, les radios, les sites Internet et les journalistes ont atteint des proportions alarmantes:

  1. Le 26 mai dernier, la police a perquisitionné les bureaux du journal Gelecek et a privé de liberté les journalistes Ufuk Erhan et Ezgi Aydın ainsi que le correspondant du quotidien Birgün Onur Öncü qui était également sur les lieux. Ufuk Erhan a été incarcéré dans une prison alors que les deux autres journalistes ont été remis en liberté.
  2. Baris Ince, le directeur de publication du quotidien Birgün, reste toujours poursuivi par le président turc Recep Tayyip Erdogan et son fils Bilal Erdogan pour avoir publié des articles sur des affaires de corruption qui touchent la famille présidentielle.
  3. Dix journalistes, y compris Nazli Ilıcak, Ceyda Karan, Baris Atay, Mirgün Cabas et Banu Güven, sont accusés d’avoir fait “la propagande pour le compte d’une organisation terroriste” sur base de leurs commentaires (tweets) publiés sur le réseau social Twitter à propos de l’assassinat d’un procureur à Istanbul. Les journalistes risquent jusqu’à 5 ans de prison en cas de condamnation.
  4. Can Dündar, rédacteur en chef du quotidien Cumhuriyet, doit faire face à un nouveau procès «anti-terroriste» pour avoir publié des photographies montrant des armes envoyées par les autorités turques aux rebelles syriens.
  5. Le journaliste de Bugün Kamil Maman fait face à 25 enquêtes séparées pour l’ensemble de ses tweets publiés durant les six derniers mois. Le total des peines d’emprisonnement cumulées requis contre Maman s’élève à 130 années.
  6. Le 1e juin, la journaliste Michelle Demishevich (T24) a été physiquement agressée par des policiers en civil alors qu’elle était en train de suivre, devant le Consulat de Belgique à Istanbul, le discours public de Sümeyye Erdoğan, la fille du président turc.

La Fédération européenne des journalistes (FEJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) soutiennent l’appel publié par la Plateforme pour la liberté des journalistes. Elles demandent aux autorités turques de faire cesser immédiatement les pressions et les intimidations envers les journalistes et les médias alors que le pays se prépare aux élections législatives qui se tiendront le 7 juin prochain. Les deux fédérations de journalistes réaffirment leur soutien à leurs collègues et appelent les autorités turques à respecter le droit du public à accéder à l’information.

Photo: TGS via Twitter