Fédération européenne des journalistes

Paris: meeting de solidarité avec le peuple turc


Stop à la répression en Turquie!

Sous cette bannière, plusieurs centaines de personnes ont participé mercredi à Paris à un meeting à l’appel de plusieurs dizaines d’ONG, de partis, de syndicats et d’associations en présence d’élus, de députés européens (GUE), pour marquer la solidarité avec le peuple turc et kurde et dénoncer la « démocratie en péril » en Turquie.

La répression contre les journalistes, l’absence de liberté de la presse, la mise en cause du droit d’expression ont été les thèmes principaux au centre de la soirée.

Banu Güven, journaliste et présentatrice de la chaîne IMC TV, qui vient d’être fermée, est intervenue pour rendre compte de la situation des journalistes en Turquie: “Je suis journaliste. Jusqu’il y a deux semaines, j’étais la présentatrice du journal télévisé a IMC TV, une des dernières chaînes indépendantes d’information. Nous étions déjà exclus du satellite turc Turksat le 20 février, dans le cadre d’une enquête judiciaire pour propagande en faveur d’une organisation terroriste. Au moment où la retransmission par satellite a été interrompue, j’étais en train de faire un interview en direct avec Can Dundar et Erdem Gül, deux journalistes qui venaient d’être libérés. Quelle coïncidence!
L’enquête n’était pas encore finalisée, il’n’y avait aucune décision de justice. Depuis on a continué à diffuser nos programmes sur le satellite Hotbird et sur internet. Le 4 Octobre, les fonctionnaires du Conseil Supérieur des Radios et Télévisions, accompagnés par les policiers, sont venus chez nous, pour appliquer l’ordre de Vice-Premier ministre. Ils ont coupé notre émission alors que nous étions tous en train de scander ‘’La presse libre ne ce taira pas!’’ sur le plateau. IMC TV etait une des 23 chaînes de télé et radios réduites au silence par le gouvernement. Nous sommes accusés de mettre la sécurité nationale en danger et d’être affiliés à un groupe illégal. Les mêmes accusations ont été adressées à une chaîne pour enfants, zarok tv, qui émettait des dessins animés en langue kurde comme les Schtroumpfs, Dora l’Exploratrice, etc. Hayat TV, une autre chaîne, qui diffusait des informations sur les droits des travailleurs, ou TV10, une chaîne alevi, ont également subi le même sort”.

Appuyant les propos de Banu Güven, Patrick Kamenka (SNJ-CGT), au titre des syndicats français de journalistes et de la FIJ/FEJ, a appelé à la solidarité envers les journalistes turcs et kurdes victimes de la répression et des purges massives déclenchées par Ankara depuis le coup d’Etat avorté du 15 juillet.

“A ce jour, près d’une centaine de journalistes sont détenus dans les geôles de l’Etat turc. Ils ont été des centaines après le 15 juillet à être arrêtés, détenus, interrogés, torturés. Et maintenant ils sont poursuivis, jugés, condamnés sans pouvoir user de leur droit à une défense devant les tribunaux”, a-t-il déclaré.

“La Turquie est aujourd’hui la plus grande prison au monde pour les journalistes”, a-t-il déploré, rappelant la campagne de solidarité menée par la FIJ/FEJ aux côtés des syndicats turcs de journalistes et appelant la profession à signer massivement la pétition pour venir en aide à nos confrères en Turquie, à tout mettre en œuvre pour la libération des journalistes emprisonnés et exiger du gouvernement français que la Turquie respecte ses engagements vis-à-vis de la liberté d’expression en qualité de membre du Conseil de l’Europe. Il a conclu: “Le journalisme n’est pas un crime”.

Can Dundar a fait part de son soutien en envoyant un message aux organisateurs du rassemblement.

Crédit Photo: Gérard Vaclk.