Fédération européenne des journalistes

Pays-Bas : DPG Media condamné à revoir à la hausse la rémunération de deux photojournalistes indépendants


Les photojournalistes indépendants Britt van Uem (Tubantia) et Ruud Rogier (Brabants Dagblad) ont gagné le 1er novembre leur procès contre DPG Media (ex De Persgroep). Le tribunal a jugé que les tarifs qu’ils recevaient pour leur travail, respectivement 13 centimes par mot et 42 euros par photo, n’étaient pas justes. DPG Media a été condamné à régulariser leurs salaires pour l’année 2018 sur la base de 21 centimes par mot et 65 euros par photo.

La Fédération européenne des journalistes (FEJ) salue cette décision historique et félicite son affilié, l’Association néerlandaise des Journalistes (NVJ), qui, en coopération avec l’Association néerlandaise des Photojournalistes (NVF), a soutenu les journalistes dans ce procès.

Partout en Europe, nous saluons le courage et la persévérance des deux photojournalistes et le travail remarquable du syndicat. Cette décision revêt en effet une importance au-delà des frontières néerlandaises. Nous invitons les médias à rémunérer à leurs justes valeurs les photojournalistes dans toute l’Europe. La photographie professionnelle est primordiale pour la qualité de l’information et la confiance en la presse, mais sans une rémunération équitable, les photojournalistes ne peuvent gagner leur vie”, a déclaré Mogens Blicher Bjerregård.

Les prix fixés par le tribunal sont toutefois un plancher plutôt qu’un tarif conseillé raisonnable pour l’ensemble du marché, estime le NVJ.

Rosa García López, responsable des freelance et photographes pour le syndicat a déclaré : “Cette décision garantit que tous les journalistes (photo) de la région auront une base salariale plus conséquente et qu’ils peuvent prétendre à des tarifs jusqu’à 50% plus élevés que ce qui est actuellement pratiqué dans les grandes entreprises de médias régionaux. Cela montre clairement que la loi sur les contrats de droit d’auteur peut être utile à tous les journalistes et créateurs aux Pays-Bas”.

C’est la première fois que deux pigistes contestent cette loi et, par conséquent, la première fois que la Cour donne une substance à la notion d’équité. Le juge a clairement indiqué sur quoi il fonde cette compensation et comment il l’a pondérée. Selon la Cour, il était également pertinent de prendre en compte ce que les journalistes employés gagnent pour un même travail, ainsi que les tarifs couramment pratiqués sur le marché.

Les photojournalistes aux Pays-Bas continuent leur campagne “Le photojournalisme a un prix” pour une plus grande reconnaissance de leur profession et de meilleurs tarifs. Le NVJ entamera des discussions avec toutes les organisations de médias afin d’obtenir de meilleurs tarifs pour tous les freelances.

Le groupe d’experts de la FEJ sur les freelances (le FREG) s’est réjoui de cette décision de justice : “Cela nous motive encore plus pour lutter pour une rémunération juste des photojournalistes et des freelances dans toute l’Europe”, a déclaré Pablo Aiquel, co-président du FREG. “Mais nous ne pouvons pas seulement nous appuyer sur les tribunaux. Nous avons besoin que les employeurs reconnaissent que dans notre profession, on doit pouvoir gagner sa vie avec son travail”.

Crédit photo: NVJ