Fédération européenne des journalistes

Suisse: condamnation d’un internaute qui avait menacé une journaliste


Le Ministère public du Canton du Jura, en Suisse, a condamné un internaute qui a menacé une journaliste d’une peine pécuniaire de 30 jours amende avec sursis pendant deux ans. En février 2021, l’internaute avait publié un commentaire menaçant Annick Chevillot, journaliste à Heidi News, et membre d’impressum, affilié de la Fédération Européenne des Journalistes (FEJ) en Suisse, suite à un de ses articles sur la pandémie. La FEJ et impressum saluent la décision judiciaire: de telles pressions ne doivent pas rester impunies.

L’internaute avait, en février 2021, publié sur les réseaux sociaux les propos suivants, en réaction à un article d’Annick Chevillot: “Le 16.10.1946, le journaliste nazi Julius Streicher fut pendu à Nuremberg pour avoir endormi le peuple sur les crimes du Troisième Reich (…) Le Tribunal a conclu qu’un tel soutien médiatique à des crimes de guerre constituait lui-même un crime. Il faudrait penser à requalifier en crime contre l’humanité le fait d’avoir 1. Ruiné l’humanité, 2. Contaminé la population avec ses propres peurs irrationnelles, 3. Provoqué des drames en santé mentale et des suicides, ainsi que 4. Mis l’épidémie à profit pour s’enrichir avec des chimères ainsi que de ruiner l’état de droit et les libertés fondamentales”.

Le Ministère public du canton du Jura a jugé par une ordonnance du 3 novembre communiquée le 9 novembre 2021 que ces propos visant directement la journaliste d’Heidi News, “en laissant entendre que son sort devait être équivalent à celui qui fut réservé à Julius Streicher ce qui a provoqué une vive crainte chez la plaignante” étaient constitutifs d’une menace au sens de l’article 180 Code pénal suisse, infraction réprimée par le code. Selon l’article 180 CP, “celui qui, par une menace grave, aura alarmé ou effrayé une personne sera, sur plainte, puni d’une peine privative de liberté de trois ans au plus ou d’une peine pécuniaire”. L’internaute a été condamné à une peine pécuniaire de 30 jours-amende avec sursis pendant deux ans.

impressum et la FEJ condamnent les pressions, les menaces et injures prononcées contre les journalistes. La FEJ et impressum font une claire distinction entre des menaces et une discussion ouverte qui permet des points de vues différents, nécessaire dans une société ouverte et pluraliste. Des menaces qui visent à intimider et n’apportent rien à l’échange d’opinions sont inadmissibles et violent la liberté de presse et la liberté d’information. “Les journalistes ont une mission cardinale au sein de la société”, insiste impressum: “ils permettent au public de se forger librement leur opinion sur des sujets d’intérêt général. La pandémie a renforcé encore leur rôle, le public ayant besoin avant tout d’informations vérifiées.”