Fédération européenne des journalistes

France : la FEJ apporte son soutien à Grégoire Souchay

Crédits : MATTHIEU RONDEL / AFP

La Fédération européenne des journalistes se joint au syndicat SNJ-CGT pour apporter son soutien au journaliste Grégoire Souchay et à Reporterre, et dénonce la décision du procureur du tribunal correctionnel de Rodez de poursuivre le journaliste sans tenir compte de son statut professionnel.

Le 24 juin 2022, le journaliste Grégoire Souchay, pigiste chez Reporterre, a reçu une convocation au Tribunal de Rodez (Aveyron), pour une affaire datant de novembre 2021. Il devrait être jugé, car, selon la gendarmerie, il aurait « frauduleusement soustrait des sacs contenant des semences de colza » et « volontairement dégradé ou détérioré plusieurs sacs de semences ». Ces accusations font suite à la journée du 10 novembre 2021, lorsque Souchay couvrait une action des “Faucheurs Volontaires d’OGM”, un groupe d’activistes environnementaux. Sur le site de Calmont (12) de la RAGT, une firme semencière aveyronnaise, les Faucheurs étaient à la recherche de semences génétiquement modifiées devenues résistantes au pesticides. Au cours de cette action de désobéissance civile, plus de soixante activistes sont entrés dans les hangars et ont détruit des sacs d’engrais.

Le journaliste a réalisé un reportage sur cette action et son article est paru deux jours après, le 12 novembre 2021 : “En Aveyron, des activistes éventrent des sacs de « nouveaux OGM »”. Il était présent à l’intérieur du site de l’entreprise tout comme quatre autres journalistes de différents médias (AFP, Mediapart, photographes et vidéastes indépendants). Il est le seul, néanmoins, à avoir été entendu par la gendarmerie, et en tant que complice et non témoin des agissements des activistes, après que la RAGT ait porté plainte pour dégradation de matériel. D’abord convoqué au tribunal de Rodez ce 7 décembre en même temps que 28 Faucheurs Volontaires, l’audience se tiendra finalement le 7 juin 2023 sur demande de l’avocat des Faucheurs. Assigné en justice, les autorités n’ont pas tenu compte de son statut de journaliste, ne lui laissant pas l’opportunité de se présenter officiellement en tant que tel.

“Le problème que pose mon affaire,” dit Souchay. “C’est que c’est l’État, au travers du procureur, qui décide de remettre en cause le statut de journaliste de quelqu’un qui couvre une action environnementale. Notre travail déjà difficile dans le contexte actuel est maintenant remis en cause par la justice.”

Le journaliste réclame l’abandon pur et simple des poursuites. Sa cette situation n’est pas isolée. A Reporterre, média spécialisé sur les enjeux écologiques et environnementaux, deux autres journalistes ont été également inquiétés par la justice pour avoir suivi des actions de militants climatiques, condamnés cette fois par des amendes.