Fédération européenne des journalistes

France: plusieurs journalistes pris pour cible en marge de manifestations

Crédits : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Plusieurs journalistes ont été pris pour cible en marge des manifestations contre la réforme du régime des retraites qui agite la France depuis les discussions autour du projet de loi. La Fédération européenne des journalistes (FEJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) dénoncent des violences inacceptables perpétrées à l’encontre de leurs confrères et consœurs et réclament le respect de la liberté d’informer.

Les manifestations ont pris une autre tournure après l’utilisation par le gouvernement à l’Assemblée nationale de l’article 49, alinéa 3 de la Constitution française, signant ainsi un passage en force.

Près d’une dizaine de cas d’agressions de journalistes ont été relevés et partagés par la FIJ et la FEJ sur la plateforme Mapping Media Freedom ainsi que sur la plateforme du Conseil de l’Europe pour la sécurité des journalistes

Dans un communiqué publié le 23 mars, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) a elle aussi déclaré être “inquiète de certains agissements des forces de l’ordre observés en particulier depuis le jeudi 16 mars”; des policiers étant à l’origine d’une part importante des violences subies par les journalistes.

Le Syndicat national des journalistes (SNJ), un des affiliés de la FIJ et de la FEJ, dénonceune grave atteinte à la liberté de la presse” et “réaffirme avec force qu’arrêter des journalistes est inadmissible, les placer en garde à vue l’est encore davantage.”

A Paris, le 17 mars, deux journalistes, Chloé Gence duMedia TV, et Paul Ricaud, journaliste indépendant, ont été placés en garde à vue. Une vidéo de l’arrestation de Chloé Gence a été diffusée sur les réseaux sociaux et montre un policier faisant usage de la force à l’encontre de la journaliste pour l’emmener au poste de police.

Le 20 mars, l’Assemblée nationale a rejeté deux motions de censure qui visaient à renverser le gouvernement et à rejeter le projet de loi. Le soir même, à Paris, le journaliste Thomas Dietrich (Le Media TV) qui couvrait les événements a reçu un coup de bouclier de la part d’un policier de la Brigade des répressions de l’action violente motorisée (BRAV). Un autre journaliste, Paul Boyer, a été attaqué et blessé par la même brigade le 23 mars. Il s’en tire avec une fracture à la main gauche, une plaie à la tête et  une interruption temporaire de travail (ITT) de quatorze jours.

Le 21 mars à Montpellier, Samuel Clauzier, journaliste au média indépendant Le Poing, et son confrère Ricardo Parreira, ont été mis en joue par un agent des forces de l’ordre.

D’autres cas de violation de la liberté de la presse ont été identifiés par des manifestants : le 21 mars, le vidéaste Philippe Laurenson, qui suivait le blocage des dépôts de carburant de Fos-sur-Mer, a été agressé. Sa caméra lui a été arrachée et a été détruite. Un de ses confrères photographe a été verbalement et physiquement attaqué au même moment.

Les deux Fédérations se joignent à leurs affiliés français SNJ, SNJ-CGT, CFDT Journalistes et Force Ouvrière, et apportent tout leur soutien aux journalistes attaqué.e.s dans l’exercice de leurs fonctions et rappellent aux forces de l’ordre et au gouvernement français que le droit à l’information n’est pas négociable en démocratie.