Fédération européenne des journalistes

La Belgique arrête un journaliste kurde sur requête de la Turquie


Mise à jour (23/12/2016): Maxime Azadi a été remis en liberté ce vendredi 23 décembre par la chambre du conseil de Turnhout en échange du paiement d’une caution.

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Le journaliste kurde connu sous le nom de Maxime Azadi a été arrêté en Belgique par les forces de l’ordre, jeudi dernier, lors d’un contrôle de routine. Son avocat, Me Luc Walleyn, a confirmé l’information à l’agence Belga, ce mardi.

Maxime Azadi dirige l’agence de presse kurde Firat News (ANF), établie aux Pays-Bas. Il tient également le blog Au-delà de l’information, sur la plateforme Mediapart.

Il aurait été arrêté par la police belge à la demande des autorités turques qui le soupçonnent de “collaboration avec une organisation terroriste”. Il a été placé sous mandat d’arrêt vendredi par le juge d’instruction de Turnhout.

L’avocat du journaliste a déposé lundi une requête en libération. Elle sera examinée ce vendredi par la Chambre du conseil de Turnhout.

“Nous sommes très préoccupés par cette arrestation qui constitue un dangereux précédent”, réagit Ricardo Gutiérrez, secrétaire général de la Fédération européenne des Journalistes (FEJ). “Plus de 120 journalistes sont derrière les barreaux en Turquie, où les autorités n’hésitent pas à abuser des lois antiterroristes pour réprimer la presse d’opposition. Il ne faudrait pas que la Belgique et d’autres Etats européens se rendent complices des purges massives ordonnées par le gouvernement turc. Des dizaines de journalistes turcs et kurdes exilés en Europe se retrouveraient dans une situation d’insécurité dramatique!”.

Il semble que le journaliste ait été arrêté par la police belge suite à l’émission, via Interpol, d’un mandat d’arrêt international par les autorités turques. Ce signalement oblige le pays où la personne visée est identifiée à procéder à son arrestation en vue de son extradition. “Le Conseil de l’Europe et le Parlement européen ont dénoncé à plusieurs reprises le détournement de ces signalements Interpol par certains Etats en vue de persécuter des opposants ou des journalistes”, insiste le secrétaire général de la FEJ.

“La FEJ appelle la Justice de Turnhout et les responsables politiques qui seront éventuellement saisis de la demande d’extradition à examiner avec la plus grande circonspection les prétendues charges qui pèsent sur notre confrère”, insiste Ricardo Gutiérrez. “Nous allons d’emblée dénoncer cette violation manifeste de la liberté de la presse au Conseil de l’Europe. La Belgique devra rendre des comptes pour son attitude dans cette affaire”.

Lire notre alerte sur la Plateforme du Conseil de l’Europe pour la protection du journalisme.

Crédit photo: Maxime Azadi.