Liberté de la presse entravée en Belgique
Partenaires de la Fédération européenne des journalistes (FEJ), les experts de l’organisation britannique Index On Censorship ont publié, jeudi, un bilan des atteintes à la liberté de la presse enregistrées en Belgique, ces deux derniers mois.
L’article d’Index On Censorship rappelle les menaces répétées du cabinet du Premier ministre Charles Michel à l’égard d’un journaliste de la RTBF, l’arrestation des journalistes qui couvraient la manifestation anti-TTIP du 15 octobre, l’agression d’un confrère turc couvrant les élections au consulat de Turquie à Bruxelles, l’intimidation d’un journaliste palestinien à la Foire musulmane de Bruxelles, la censure judiciaire du nouveau magazine d’investigation Médor, le vol avec violences dont ont été victimes deux journalistes russes, à Bruxelles, le 18 novembre, mais aussi l’appel au silence radio sur les médias sociaux concernant les opérations de police en cours à Bruxelles, le soir du 22 novembre.
“Sur ce dernier fait, on peut certes comprendre une “invitation” – pas une exigence – des autorités policières et judiciaires tout à fait limitée dans le temps et circonscrite à certains éléments d’information qui pourraient nuire s’ils étaient divulgués en temps réel, commente le secrétaire général de la FEJ, Ricardo Gutiérrez. Mais il importe de rappeler en préalable que ce comportement est contre-nature pour un journaliste. Le journaliste n’a pas pour mission de se taire face à de tels faits d’actualité. Il doit informer de manière responsable, mais pas se taire”.
“Ce genre d’invitation des autorités à observer un silence radio, même temporaire et circonscrit, a ses limites, poursuit le secrétaire général de la FEJ: imaginez la portée de ce même type d’appel dans des pays comme la Turquie, l’Azerbaidjan ou la Russie… Imaginez la portée de cette même requête dans un pays démocratique où se déroulent les premières opérations militaires d’un coup d’Etat… Les journalistes doivent rester particulièrement vigilants face aux “invitations” des autorités à observer un silence radio. Notre déontologie rappelle clairement qu’en aucun cas le journaliste ne doit se comporter en auxiliaire de police ou d’autre service de sécurité”.
La série d’agressions et de menaces rappelées dans l’article d’Index ont toutes été recensées sur le site Media Mapping Freedom, géré par Index On Censorship, la FEJ et RSF, dans le cadre d’un projet financé par la Commission européenne.
Les violations de la liberté de la presse les plus graves ont également été signalées sur la Plateforme du Conseil de l’Europe pour la protection du journalisme, dont sont aussi partenaires la FEJ, Index On Censorship et RSF, de même notamment que le Comité pour la Protection des Journalistes.
“Une lutte efficace contre les atteintes à la liberté de la presse commence nécessairement par le recensement et la publication de toutes ces violations, insiste Ricardo Gutiérrez. Nous invitons les journalistes et les citoyens à utiliser le site Media Mapping Freedom. Nous invitons aussi les professionnels de l’information victimes d’agressions ou de menaces à nous les signaler afin que nous les enregistrions sur la Plateforme du Conseil de l’Europe. Se taire, c’est être complice des ennemis de la liberté de la presse”.
(Crédit illustration: Index On Censorship)